LÀ OÙ JE VAIS
Là où je vais les orages sont si fins que l’on passe au-dedans
Et les nuages si bas qu’ils s’attrapent à la poigne sensible
Il n’y a pas de résonances, pas de buée sur l’ovale cadran
Pas d’apparences trompeuses ni même de mots pénibles
Dans cette étrange volupté où je pense poser pieds
Le temps se compte en silence et le silence en inconnu
Ne sachant point si le regard aime se ainsi dresser
Sur des réponses tardives ou histoires de point de vue
J’aimerais qu’il y soit des champs de seigle et pommiers
De quoi satisfaire tout un régiment en mal de demeure
De l’eau de vie et du vin lorsque la terre aura laissé
Enfin à l’homme le droit cultiver les fruits de son labeur
Au bout d’une route de lin nous trouverions une chapelle
Quelques bûches autour et un grand espace sans clôtures
Afin d’y finir le cycle et au bon souvenir de ces ribambelles
Qui ne siègent plus qu’à l’état de romance sans bavures
Là où je vais les pluies sont si chaudes qu’elles se boivent
Sous des arcs-en-ciel innocents s’espacent les différences
Sans que rien ne blesse d’abord, puis sans que rien n’entrave
Ce que nous avons quitté afin d’y trouver une présence