CELLE PAR QUI VIENT L’ORAGE
Qu’elle fauche, les blés comme les vies
Dans un faciès sans visage, à la porte
Scinder d’une lame, les âmes noircies
Et ramasser à la pelle, les feuilles mortes
Le temps qu’il faille, changer de monde
Plier bagages en un dernier souffle
Se lever de table, décamper de la ronde
Une place au silence ou de plein baroufle
Celle par qui vient l’orage ne prévient
Elle saisit autant qu’elle casse les châteaux
De sable pour un enfant, de pierre pour ancien
Tous deux agrippés, à l’innocence des mots
Ils ont vingt ans ou cent, les songes dans la tête
De quoi voir des chandelles, au loin ou au près
Des doux printemps aux rudes hivers en fête
Peindre à l’encre indélébile ou à l’éphémère craie
Celle par qui vient l’orage est assassine
Un jour te plie les genoux mains au sol
N’ayant qu’en ton cœur, plus que des ruines
Les vestiges du passé, pour fleurir les corolles
Zøwie. La chute des anges. 2019. Poésie n°70