RÉCURRENCE

Qui n’entend pas deviendra sourd… Qui n’a jamais parcouru les expériences de sa vie avec recul, objectivisme et maturité se verra confronté à reproduire ses mécanismes en son sac l’affolante vision que rien ne change, que rien ne bouge d’un iota. Qui a menti sera remis face au mensonge, qui a trahi aura tôt ou tard la trahison sur son chemin, qui blesse sera meurtri et ainsi de suite jusqu’à la complète compréhension à la fois du mal et du bien sous-jacents, jusqu’à l’acceptation de ses fautes en un pardon, son pardon.

Tout sonne comme redevance, non créancière mais immatérielle pour qui n’a point le mérite d’aller cueillir ses erreurs, ses faiblesses passagères ou longues, et en faire pousser le salut. Combien sont dans le geignement que le destin ne leur est miséricordieux tandis qu’ils sont bâtisseurs de ce désarroi, n’allant que trouver la plus vile de leur recherche, celle-ci confortable et paralysée. Et plus ils tardent à agir, remettant au lendemain les échéances de la veille, plus, dans ce qui est tout sauf hasard, l’existence se joue de leur disposition au sommeil, frappant à grands coup de bâton sur la table afin qu’ils se saisissent du sens.

Qui feint de ne voir sera aveugle, il est une carte dans les mains de chacun, que certains observent, étudient, intériorisent, que d’autres ignorent, jettent, rejettent. Qui ne sait voir les portes du paradis se contentera de l’enfer, toujours à attendre l’inespérable, accusant la grisaille de la récurrence.

Zøwie. Pour une étoile. 2021. p.45.