SISYPHE
La vie est faite de répétitions, en cela, je reste ébahi devant la facilité autant que l’ignorance de tous à récidiver les mêmes schémas, comme s’ils étaient intemporels et indubitablement conditionnés.
Non sans une pointe de curiosité, j’observe en toute neutralité la distanciation qu’ont les Hommes envers leur histoire, se plaignant même de la persévérance de leurs maux dans un stoïcisme somme toute triste, laissant les jérémiades devancer leur raison. Et comme si ces épreuves ne suffisaient pas, c’est dans la souffrance qu’ils se déconstruisent, mirant le sablier égrainé de son sable sans un regard salvateur, sans une once de tempérance.
Faut-il vraiment qu’ils atteignent ce que nous pourrions nommer « point de rupture » afin que la lumière se fasse, et combien d’années au chevet du détournement de son foyer pour qu’enfin jaillissent en son être l’abominable vérité de n’avoir été que faux. Rien ne me semble pire que la divagation, la procrastination sur soi-même, par peur de l’inconnu, jouant au parquet un personnage nébuleux qui ne mesure son présent.
Jusqu’où et pour combien de temps pousser la pierre afin qu’elle s’immobilise au sommet, fixée quant à sa condition d’exister en tant que telle. Combien d’allers-retours troublés d’apparences et de masques pour baisser garde, rendre les armes dans l’obédience saine, dans la grâce du chemin.
Zøwie. Pour une étoile. 2021. p.44.