UNE CERTAINE IDÉE DE L’AMOUR
Dans cette grande idéologie qu’est l’amour aussi globale que personnelle, je me suis longtemps tenu loin des préoccupations pubères et juvéniles qui faisaient frémir mes camarades de toute leur colonne vertébrale, érigée vers un sentimentalisme masculin qui me paraissait être aussi vulgaire que futile. Il m’aura fallu du temps pour accepter qu’un cœur aille à sa cadence et, alangui dans ce leitmotiv qui symbolise ma vie, le mien fut traînard, bien plus préoccupé par l’imaginaire sous toutes ses formes que dans la quête candide et organique de quelque ébat amoureux.
Ce n’est qu’avec la concrétisation de rapports humains et généreux en compagnie de la gente opposée, dans la profondeur de nos spiritualités, que l’idée d’un partage fit son chemin en mon esprit et, comme transpercé d’une étrange révélation, je me mis à croire en la passion, celle-ci même dénuée de quelconque attirance physique, mais dans la notion envoûtante d’âme-sœur. Et voici que bien des années plus tard, je reste marqué par l’empreinte indélébile d’une recherche mystérieuse dont seul un alter ego a la clé et le potentiel pour faire jaillir en moi toute la force du romantisme, sans en éprouver sa solitude.
Zøwie. Les esquisses abandonnées. 2019. p.60