ÉTERNITÉ À LA CRAIE
Je me baladais souvent dans les murmures de mon âge
J’entendais les cris se perdent au fin fond des nuages
Des vieux hommes blessés, par les obus des canons
Les mitraillettes suintantes, aux mémoires du front
J’avais comme ami, un carnet rempli de notes
Ces regrets qu’on pose, ces chagrins comme des pelotes
Qui s’écaillent et se poudrent, j’oublie le temps
Les arrières-lignes, les courages d’antan
Nous voulions juste, nous assoir à la table
Savourer le vin, les regards inoubliables
Les feux-follets
Eternité à la craie
Et dès le printemps revenir, à la source des éclats
Mais c’est hélas de brume, que se couvrent les voix
Les fanfares qui chantent, à tue-tête cette rengaine
Est-il vraiment dans mon cœur, plus d’amour que de haine ?
C’est plein de rambardes dehors, d’enclos et de peurs
Pour ramasser de jour en jour, à la pelle les malheurs
Les soupirs déchus, sur le parquet ce sentiment
D’une bâtisse en devenir, j’ai perdu les plans
C’était un rêve immense, comme une étoile
La tête en l’air, des cloches qui sonnent au val
L’orée des forets
Eternité à la craie
C’est entre les idées noires et la blancheur des souvenirs
Que se dresse la haute tour, et les marches lustrées de cire
Le battement d’aile d’un papillon, qui retourne les vagues
A mon alliance avec hier, je me suis passé la bague
Le vent souffle sur les pages, il est minuit au compteur
Passager endormi sur la banquette, mirant le rétroviseur
Errer dans ce rêve, que le réveil soit plus vrai que nature
De l’histoire personnelle, surgissent mille boutures
C’était une épopée allant bon train
Tout l’argent à donner, jamais en vain
Un havre de paix
Eternité à la craie
Pour Maxime Le Forestier
Zøwie. Chimères. 2019. poésie n°24.