QU’UN LENT MURMURE
Entendez, c’est le ciel qui se tait dans la demeure
Les écoles sont vides, les souliers marchent au ralenti
Il n’y a plus de pas, de camarades ni de consœurs
L’herbage de printemps y prend un air jaunit
Où sont passés les heures du gamin ?
Ces virées dans le sable, cette bicoque opaline
Où est la chaleur du soleil parmi les embruns ?
Sentirons-nous encore un jour la douceur saline
Où sont ces couloirs nus, ces portes verdâtres ?
Ces aphasiques déambulations peu studieuses
Prises dans le tourbillon qui ne fait que croître
Ou bien à l’abri sous une couverture moelleuse
Comment qualifier à nouveau des dalles bétons
Ces empires professoraux fleurant le plastique
Les salles me reviennent sans âmes ni questions
Des cahiers emplis de notes pour le didactique
Les rails n’émettent maintenant plus le moindre bruit
Un train semble stable, sans quelconque mouvement
J’ai rangé dans le placard ce comme-neuf costume gris
Tandis que les regrets eux, sont exposés à mon firmament
Un lit est revêtu de mille plissures tous plus rudes
La faute à des années de supplice qui se dérobent
Volant sur son passage, une belle projection du Sud
Et des idées qui se finissent à l’autre bout du globe
Là, du haut de mon immeuble, je conte des fables
Tournant en rond autour du même pot, même récit
Mêmes images aux confins de ces yeux indécelables
Nostalgique en haut lieu, c’est ce que m’a rendu la vie
Entendez, c’est le ciel qui se tait dans la demeure
Les chambres sont vides, les mémoires se fissurent
Un homme relit son histoire, il est blessé au cœur
Une petite voix lui dit : « tout n’est, qu’un lent murmure »…