FJ, Chaser : le grand vide

FJ, CHASER : LE GRAND VIDE

 

Rien ne semble pire que le vide, lorsque celui-ci, dans tout son éventail d’effrois, vient à gangréner la résolution même de vivre, vérolant les sentiments et verrouillant le cœur d’un cadenas incroyablement tenace.

 

Ce vide, à la fois indescriptible, terriblement commun et pourtant propre à chacun, qui est-il vraiment ? Ne représente-t-il que les prémices de la connaissance sur soi parce qu’après tout, rien ne se bâtit dans le trop-plein et rien de s’apprend sur du déjà su.

 

Le vide, incommensurable fatalité qui relie l’Homme a ses peurs profondes, lorsque frappe à la porte le glas de la désespérance, dans ce qui pourrait s’apparenter à une incapacité à se résigner, combattant pieds et poings liés un ennemi invisible et irrémédiablement pernicieux.

 

Le vide, ver dans le fruit qui sait se nourrir de son hôte lorsque les tribulations extérieures ne suffisent à combler une intériorité défaillante dont la satisfaction n’est qu’à paraître et non être, laissant là sur le sable des empreintes que la marée recouvre au grand dam du prêcheur de la fortune.

 

Charles Bukowski disait « « Il n’y a pas de vide plus grand que lorsque quelqu’un entre dans votre vie, la chamboule et s’en va. ». Quoi de plus juste et adapté au parcours FJ que cette citation, qui prend toute son ampleur lorsque le Chaser est soumis contre son entière volonté à la fuite de son autre sans quelconque explication qui ne vienne tempérer la douleur. Quoi de plus abominable qu’avoir touché le saint graal sans avoir pu se délecter de son nectar, puis finalement en boire le calice jusqu’à la lie en faisant abstraction de ce qu’il fut et de ce qu’il aurait pu être.

 

Que faire ainsi de ce vide lorsqu’il prend toute la place, nuit et jour, à chaque seconde de l’existence, ne sachant où aller se terrer pour oublier qu’il est un destin brisé et des chaînes rutilantes aux poignets. Comment poursuivre la route pour celui qui a déployé ses ailes puis volé au zénith de l’Amour, alchimiste dont l’âme s’est embrasée le temps d’un instant, d’une romance unique, éphémère, infâme…

 

Il en faut peu pour rendre dépendant un dépendant, insatiable un archer ayant trouvé cible. Là réside tout le travail du Chaser de baisser les armes car il n’est plus de proie captive, il se retrouve seul avec ce vide, à devoir composer de nouvelles lignes, de nouvelles accroches.

 

C’est donc en résonance avec ce vide qu’il ira creuser ce qu’il est en lui avec l’aide de tous les outils possibles qu’il aura à disposition. La sensation de cohabitation avec son autre qui le rendait si puissant doit être gommée, fermant le livre sur de l’histoire ancienne et à la genèse d’un long apprentissage du deuil. Cette indivision désormais sporadique le contraint à puiser l’eau comme le feu ainsi que tous les éléments qui puissent lui apporter ce dont il « manquait » réellement : le savoir, non celui absolu culturel, celui de son Être.

 

Le Chaser apprendra avec le temps, qui se comptera en mois ou en années, à se satisfaire de peu, de petits plaisirs de la vie, voyant que l’illumination du bonheur n’est pas tenue en les mains de son Runner. La complétude comme certains l’appelle, ne se résumera qu’à l’équilibre, non des polarités, mais de ses différentes sphères de vie dans la matière, comprenant sur la balance de ses erreurs ignorées et des gloires qu’il reste à explorer.

 

Le vide n’est qu’un passage, destructeur mais obligatoire, qui ne vient que révéler les prédispositions du Chaser à omettre l’essentialité de sa connaissance du soi, préférant somme toute se placer des œillères au-devant des yeux car la vérité frappe fort. Fondamentalement il ne craint guère la solitude, mais de manière plus que phobique le délaissement l’épouvante plus que tout autre ressenti au monde, c’est donc l’épreuve de sa vie non uniquement de lâcher son autre, mais de distendre ses attentes, lui, l’impatient, l’empressé, l’otage de son mental.

 

En la conscience qu’il ne peut en rien influer sur le comportement adverse, ici réside la force du Chaser. C’est un road-movie où, ayant fait une étape dans un motel en compagnie d’un ange, il repart sur la route 66 arpenter les enfers et le purgatoire pour y renaître.

 

Le parcours est donc éloigné de toutes les influences diverses, proches et autres, qui iront à dire qu’il perd son temps, et si sur l’avancée il y aura toujours des rencontres opportunes et nullement vaines, c’est bel et bien la foi qui sera le moteur de son cheminement.

 

Le vide n’est donc qu’une projection d’un passé qui ne sait s’apaiser, d’un présent qui ne cherche à se déployer, et d’un futur qui ne veut se rassurer. Il va aux rêves de subvenir à la quête du Chaser et de ne point établir de dictats qui le rangent à l’obligation de, il est désormais libre et seul créateur d’intentions qui deviendront réelles.

 

Je terminerai en conclusion par cette citation d’Irène Orce : « Aucun amour n’est suffisant pour combler le vide d’une personne qui ne s’aime pas elle-même ».

 

Zøwie

Author: Zøwie

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