AU BOUT DE MON ÂGE
Les autres sont heureux, font-ils semblant ?
Sous des traits familiers d’un lever surprenant
S’extasient-ils de la lueur de chaque matin ?
Comme l’on provoque, à sa charge le destin
Le son d’une corne rappelait ses guerriers
Combattants éclaireurs tous plus habitués
A prendre ce rôle de traintrain pour qui sonne
Non le glas de l’exception mais celui de maldonne
Dans les travers des époques, je voyais des anges
Se changer en diablotins, ces troques qui rongent
Le gai savoir de l’homme pâle, plaines d’Amérique
Se soumettre bien que le niant, au sens critique
Au bout de mon âge il n’y aurait que des retours
De ce que je fus avant dans des couloirs sourds
Où mon âme blanche allait brandir si fière
La volonté de ne jamais, regarder en arrière
Ici ou là il fait maussade sur chaque province
Et mon ciel ne présage que des toiles non minces
Ficelées comme des obus sur le quai de guerre
Vient le temps alors où je retourne à la terre
Au bout de mon âge je n’oublierai point de naître
Tantôt sourires tantôt pleurs à la fenêtre
Puis emporter avec moi le regain d’une mémoire
Qui malgré les efforts flanche de ne sentir l’espoir
Zøwie. Ailleurs, ou le refus du néant. 2017. Poésie n°47.