AU NOM DU PÈRE
Père je n’ai plus les épaules rondes
Les reins sont courbés et ma tête vide
Las et lassé, la vie n’est qu’une seconde
La lisseté des joues voit naître les rides
Père j’attends la fin telle une promise
Et mon âme pleure sans savoir pourquoi
Les terres ne sont point fertiles ni acquises
Dans la tristesse les jours sont un combat
Père je regrette de n’avoir vu votre monde
Ici tout se compte sur le bout de l’argent
Qu’il faille la valeur écrasante non vagabonde
Paraître et avoir, en un même cabas blanc
Père j’ai des promesses d’avenir en berne
Et un fardeau semble-t-il lourd tel le plomb
Des nuages gris au-dessus d’un ciel terne
Immeubles et bombes masquant les horizons
Père le doute est à mes yeux et à mon corps
Et la vieillesse chevauche bon train les rivages
Peur de n’être, que déçu au moment de la mort
Passager d’une époque, entre folie et rage
Père où est caché le sens de l’existence ?
Mes sentiments les plus sûrs s’estompent
Qu’importe l’ivresse, il n’est que défiance
Les flacons cassés, de route je me trompe
Père, jamais je ne saurais être ce fils
Plus qu’un penseur aux mille balafres
J’aimerais que les voiles, demain se hissent
Mais je ne suis que, dans le noir de mes affres