ODE À NICHOLAS
Maintenant que tu te places sous le chêne
Vois-tu ici-bas toute cette haine ?
Ton âme erre-t-elle reposée ?
De ces cieux peux-tu entendre sonner
Les cloches de l’apaisement
Qui sur terre te manquaient tant
Tu chanterais le monde d’aujourd’hui
Avec blancheur et poésie
Comme nul ne le met sur papier
Comme nul ne sait, le faire exister
Puisant nos sources dans tes eaux
Sans jamais écrire les mots
As-tu au moins une fois rêvé ?
De la poursuite de tes pensées
De cette froideur de ton destin
Dont nous sommes tous orphelins
Si la valeur n’atteint pas les âges
Elle laisse le retard sur nos pages
Dans les matins de nos réveils
Au loin ces choses derrière le soleil
Assis sur le banc de la différence
Les feuilles tombent sous l’ignorance
Rien y fait, pas même l’insomnie
Inséparable sont nos corps de l’ennui
Derrière toi des foules de successeurs
Dénués de toute chaleur
Moi, qu’un pauvre égaré
Tant bien que mal, un comparé
Et n’est pas lueur qui veut
Désormais plus faible, que le plus pâle des bleus
Mourrais-je comme toi d’incompréhension ?
Comme dans les murs d’une prison
Garderais-je comme toi l’héritage ?
De sauver mon noir esprit en cage
Serais-je voué à l’encre sur les lettres
Me donnera-t-on une place où être ?
Zøwie. Mémoires platoniques. 2010. Poésie n°100.