Parcours FJ : La peur de la mort ?

PARCOURS FJ : LA PEUR DE LA MORT

 

« J’ai perdu mon autre ». « J’ai perdu ma moitié d’âme ». « Je suis abandonné ». « Me voilà seul». Que doit-on réellement entendre derrière ces mots, derrière ces maux…

Tous ou presque les avons prononcés, et plus particulièrement nous, Chasers, soumis à l’incompréhension de l’éloignement, à l’infamie de la rupture, à la fuite parfois soudaine et brusque de celui qui nous rendait si fort, si entier. Et pourquoi cela sonne comme le pire que nous ayons vécu, comme le glas, n’est-ce que la crainte de s’être fourvoyé ou bien cela cache-t-il des ressentiments plus profonds ?

Derrière le rejet, l’humiliation, la trahison, autant de meurtrissures réveillées qu’il existe de termes, à quoi rime cette souffrance outrancière, a-t-elle un but ? Pourquoi tout s’écroule d’un coup tandis que l’avenir était clair, serein, dénué de brouillard ? Pourquoi tout s’est obscurcit sous d’épais nuages noirs, qu’avons-nous à comprendre dans cette horreur ?

Tous parlent de travail sur soi, d’aller guérir ses blessures originelles, de retourner au plus profond de son être, de complétude et de mission d’âme, mais pourquoi ne parle-t-on jamais de peur ? Pas uniquement la peur de perdre l’autre, nous l’avons déjà perdu… Pas la peur qu’il ne revienne jamais, car nul ne sait et donc cela revient au même… Non, cette peur existentielle, celle qui façonne les Hommes en tant que tels, en tout temps, en tout âge. Cette peur que l’on n’ose pas même évoquer parfois, cette peur qui est, tangible, palpable, inhérente à nos cellules, à notre destin, à notre condition d’Homme : la peur de la mort…

Personnellement, lorsque mon jumeau m’a quitté, je n’étais pas qu’à genoux en train de verser toutes les larmes de mon corps, je n’étais pas non plus fatalement vide, dépourvu, démuni. Je n’étais pas non plus « ailleurs », les yeux hagards, ne sachant que faire pour le retenir. Je n’étais pas juste explosé en mille morceaux, atomisé, pulvérisé, réduit en miettes, j’étais mort… Ce jour-là il n’était plus de corps, plus d’esprit, plus de cœur, qu’un parfum de trépas… D’ailleurs je lui exprimais dans l’un de nos derniers messages et ce avant d’avoir conscience d’être sur un parcours FJ, que j’avais l’impression d’avoir « perdu une partie de moi », chose sur laquelle en retour elle resta muette… Ce jour-là oui, je peux prétendre avoir vécu la mort, non une mort charnelle, mais plutôt indescriptible, mélange de dépossession de soi, d’évaporation et de volatilisation…

Beaucoup d’entre nous expérimentent la mort au travers la perte d’autrui dans la matière : de la famille, des proches, des connaissances, des animaux…etc. La mort est partout et nous touche à plus ou moins grande fréquence et sensibilité. Mais qu’en-est-il lorsque notre âme, ayant retrouvé sa moitié, ayant reconnectée, dans ce qu’il pourrait s’apparenter au nirvana du bonheur, vient à nouveau à être scissionnée, mais cette fois-ci en pleine conscience, du moins pour l’un de deux…

Comment faire avec et vivre sans ? Et comment se peut-il que, parmi les milliers d’articles, de vidéos, de conseils divers et variés sur le parcours FJ, jamais n’est évoquée cette peur de la mort, pourtant indubitablement sous-jacente à ce que nous vivons dès lors que l’autre part, se terre au silence, n’est plus… Et lorsqu’il n’est plus, alors je ne suis plus…Constat infaillible qu’il faille tout refaire, repartir de zéro, être, vivre, sans pour autant oublier puisque cela est de l’ordre de l’impossible… Peut-être est-ce trop violent pour l’écrire, le partager à autrui et pourtant… Cela est réel et se devrait d’être exprimé me semble-t-il…

Comment outrepasser cette mort ? N’est-ce pas dans la destruction que se trouve la création ? Si nous ne considérons pas la peur de la mort et sa finalité comme essentielles dans le parcours, ne restons-nous pas sur des concepts trop simplistes du style « Chemine », « Prends soin de toi », « Sois dans l’amour inconditionnel », « Détache-toi »…etc… Plutôt que de dire clairement « Travaille ta peur de la mort ».

Pourquoi ne pas simplement se résoudre à l’évidence qu’en ce parcours il faille se confronter à cette peur suprême, que dessous les plaies ouvertes et béantes laissées par l’absence de son autre il faille mourir et tel le phénix renaître de ses cendres, face au miroir, face à soi-même. N’est-ce pas là le symptôme et la conséquence d’une mort annoncée, de devoir s’y mesurer. Nulle la peine de chercher midi à quatorze heures, de panser ses blessures sous la coupe seule de la dépendance, du manque, du contrôle. Rien n’est ici de façade, tout revient à l’extrême, et c’est seulement par cette conscientisation douloureuse que brillera le salut.

Oublions pour un temps les égards réducteurs du mental égotique et penchons-nous vraiment sur le nœud du problème, au foyer du mal, la peur de la mort est fondamentale autant que noyau du parcours FJ et personne n’ose véritablement le révéler. Il n’y a pas de liberté possible sans décloisonnement de cette peur, sans en arpenter les méandres, les doutes, les effrois. Blessures d’enfant ou blessures d’Homme, tout jumeau se voit contraint à accueillir cette mort s’il veut avancer, s’il veut vivre.

 

Zøwie

Author: Zøwie

1 thought on “Parcours FJ : La peur de la mort ?

  1. Je me retrouve entièrement dans tout ce que vous dites morte et c’est insupportable c’est un tsunami je ne sais pas comment je vais m’en sortir je n’arrive pas à comprendre rencontrer quelqu’un qui est moche autre moitié de soi-même et qu’on vous l’enlève je n’arrive pas à trouver réponds sur ce sujet j’aimerais comprendre c’est un désarroi total je me pose même la question de savoir si je le reverrai un jour sous une autre forme dans un autre corps pendant que je suis encore vivante ou si nous ne nous reverrons plus ou alors peut-être dans une autre vie je ne comprends rien

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *