VAMPIRE
Que le crépuscule me ravisse de sa noire robe
Dans les couloirs des villes je fais le tour du globe
Immobile, le long des murs entachés de graffitis
Le monde et son temps n’ont rien de catimini
Le jour me glace les os autant qu’il me blesse
M’échauffe des pensées d’autrui en faiblesses
De ces chairs qui n’ont point d’estime à mon goût
Je dors sagement aux aubes au fin fond d’un trou
Relais du silence entre les lampadaires et houles
Pour cause de ce teint blafard je fuis les foules
Ne pas éveiller les soupçons d’une commune peur
Les habitants des ténèbres en sont les créateurs
Ma hantise est un cœur où se plante le pieu
Désirs de femmes inassouvis aux écrins malheureux
Puis solitude éternelle dans le lit de ma bouche
Canines acérées radicales telles des cartouches
Mes yeux ont trop vu de guerres, d’enfants en larmes
Pour croire encore aux souverainetés d’un carme
J’en ferais mon repas si seulement d’un dessein
Je n’avais pas des litres de sang versés aux mains
Que la lassitude m’emporte, aujourd’hui ou jamais
Avant que s’écroulent le fanion et la fumée du calumet
Des joies, elles ne sont que miettes en souvenirs
Voilà des siècles en siècles, que je suis un vampire…