Vampire

VAMPIRE

 

Que le crépuscule me ravisse de sa noire robe

Dans les couloirs des villes je fais le tour du globe

Immobile, le long des murs entachés de graffitis

Le monde et son temps n’ont rien de catimini

 

Le jour me glace les os autant qu’il me blesse

M’échauffe des pensées d’autrui en faiblesses

De ces chairs qui n’ont point d’estime à mon goût

Je dors sagement aux aubes au fin fond d’un trou

 

Relais du silence entre les lampadaires et houles

Pour cause de ce teint blafard je fuis les foules

Ne pas éveiller les soupçons d’une commune peur

Les habitants des ténèbres en sont les créateurs

 

Ma hantise est un cœur où se plante le pieu

Désirs de femmes inassouvis aux écrins malheureux

Puis solitude éternelle dans le lit de ma bouche

Canines acérées radicales telles des cartouches

 

Mes yeux ont trop vu de guerres, d’enfants en larmes

Pour croire encore aux souverainetés d’un carme

J’en ferais mon repas si seulement d’un dessein

Je n’avais pas des litres de sang versés aux mains

 

Que la lassitude m’emporte, aujourd’hui ou jamais

Avant que s’écroulent le fanion et la fumée du calumet

Des joies, elles ne sont que miettes en souvenirs

Voilà des siècles en siècles, que je suis un vampire…

 

Zøwie. Ailleurs, ou le refus du néant. 2017. Poésie n°78.

Author: Zøwie

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